Créer un cercle de parole!




Il n’y a pas de démocratie sans débat et il n’y a pas de débat sans écoute de l’autre. La capacité d’écouter l’autre est aussi importante que celle de s’exprimer, et ces deux aspects sont rarement réunis dans les groupes spontanés. Le cercle de Parole est une forme de réunion qui éveille l’écoute et permet l’expression de manière plus largement partagée. C’est ainsi que peut émerger ce qu’on appelle outre-langue une ... "deep democracy".

Les groupes sont constitués d’individus ! La force d’un groupe et l’efficacité de son action sont issus de la qualité de l’association de ses membres. Or, avant d’être des membres d’associations, des employés efficaces ou des militants motivés, nous sommes des personnes, et nous transportons avec nous toute notre histoire personnelle, avec la richesse de ses apports et ses limitations.

Pour optimiser ces apports et leur adéquation au projet que le groupe s’est fixé, il faut que les personnes trouvent un espace d’expression en confiance, où la parole est respectée, et où des échanges plus libres ont lieu.

De cet espace apaisé où les apports de chacun sont reconnus, on peut attendre :
- un meilleur partage de l’expérience de chacun,
- une meilleure appréhension des situations,
- une meilleure adéquation de chacun avec son investissement dans le groupe,
et au final une meilleure pertinence et efficacité des décisions et actions entreprises collectivement.


Cela suppose souvent un changement de culture à l’intérieur de l’organisation et l’acceptation partagée que l’objectif du groupe vaut bien le risque de ces changements.

Présentation


La personne et l’expression

Depuis l’enfance, nous nous sommes habitués à écouter, nos parents, les enseignants, ou les prêtres. Une fois adultes, nous écoutons nos patrons, la radio, les journalistes, les hommes politiques, la musique, parfois des gourous, bref des gens qui pensent pour nous ; mais que nous reste-t-il pour nous exprimer ? Le monde du travail n’y est guère propice, les amis parfois, la famille aux moments ou elle n’est pas hypnotisée devant le téléviseur, le psychologue mais nous n’y allons que lorsque les choses sont devenues graves et nous ont fait plonger dans la dépression. Tout ce que nous n’arrivons pas à exprimer s’accumule et engendre des maux physiques ou psychologiques, allant du mal de vivre jusqu’à la dépression profonde, en passant par le sentiment d’être incompris ou inutile.

Les conséquences dans un groupe ou association sont multiples : les réunions sont frustrantes, les décisions sont mauvaises ou ne sont pas appliquées, des membres actifs ne reviennent plus, des responsables abusent de leur autorité ; les conflits grondent et éclatent ou au contraire, les non-dits s’accumulent et pourrissent le groupe de l’intérieur.

Bien que n’ayant jamais eu autant de moyens techniques pour communiquer, notre société ne nous permet pas d’avoir suffisamment d’occasions de le faire avec qualité. Heureusement, nous pouvons décider de nous accorder du temps et un lieu pour parler.

Le texte qui suit expose une méthode de réunion appelée "cercle de parole".



Les cercles de parole permettent de rétablir un équilibre en nous permettant de nous exprimer et en nous apprenant à être à l’écoute les uns des autres.

Les cercles de parole sont ouverts à tous, dans le respect de chacun, sans distinction d’âge, de couleur de peau, de situation sociale, d’idéologie ou de religion.


Dans le cas ou un cercle de parole s’intègre à une organisation préexistante, il est souhaitable que la participation au cercle de parole soit librement choisie par les participants, et ne fasse pas partie d’un "programme obligatoire". En effet, chaque cercle de parole se crée par le regroupement de personnes qui souhaitent y participer, chacun est libre de rejoindre un cercle existant, d’en créer un ou de le quitter sans rendre de compte à personne. Le cercle de parole permet alors de lever les obstacles à la communication qui nuisent au quotidien quand le fonctionnement s’est enlisé ou rigidifié, pour approfondir la compréhension d’une situation, pour préparer de meilleures décisions.

En dehors d’une organisation, et dans le but de favoriser l’équilibre des personnes : Chacun peut y participer, celui qui se sent mal et qui a besoin de parler, celui qui n’a pas de problème particulier mais qui a envie d’aider les autres, celui qui se sent bien et qui a envie de le communiquer.

Les cercles de paroles ne sont pas faits pour remplacer les professionnels de la psychologie, si les membres d’un cercle de parole ressentent qu’un des leurs est en état de grave souffrance psychologique, ils lui conseilleront d’aller voir un thérapeute compétent.

Pour bien fonctionner, les cercles de parole demandent un minimum de sincérité et de bienveillance ainsi que le respect de quelques règles de base.

Vous avez certainement déjà assisté à des réunions ou des débats où tout le monde parle en même temps, où chacun veut imposer son point de vue en parlant plus fort, en coupant la parole et en essayant d’avoir le dernier mot à tout prix. Dans ce genre de réunion, personne n’écoute véritablement, chacun est uniquement préoccupé par ses propres pensées, et il n’en ressort qu’un sentiment d’incompréhension et de confusion.

Les indications qui suivent et que chacun s’efforcera de respecter, garantissent de meilleures chances que le cercle de parole soit fructueux.

Préalables

Les paragraphes qui suivent décrivent le fonctionnement. On peut toutefois en introduction noter les points préalables suivants :

Dans un cercle de parole, personne n’a de prérogatives, les participants s’organisent eux même, il n’y a ni chef ni responsable particulier et tous sont égaux devant la parole.
Si une personne a plus d’expérience et est considérée comme l’animatrice du cercle de parole, c’est sans statut particulier que cette personne partage son expérience et ses impressions.
Cela suppose donc la remise en cause au moins temporaire des privilèges de certains : hiérarchie, expertise, facilité à parler ...


La parole est tournante le premier qui a parlé laisse ensuite la parole à son voisin de gauche, celui-ci prend la parole (ou la passe à son voisin de gauche s’il ne souhaite pas parler). Les participants du cercle de parole ont donc la parole chacun à leur tour.

Lorsqu’une personne parle, les autres se taisent et essaient de pratiquer une écoute active. Cela signifie que chaque participant essaie de calmer le flot de ses propres pensées pour être le plus attentif possible à celui qui parle.

Déroulement

Les cercles de paroles ne se fixent pas d’objectifs précis à atteindre, les sujets de parole ne sont pas non plus déterminés à priori. Lors de chaque réunion, les membres déterminent eux-mêmes les sujets qu’ils souhaitent aborder. C’est ainsi que les sujets de discussion sont progressivement évoqués puis approfondis, au cours des tours de paroles successifs.

Si le cercle de parole est la réunion de membres d’une association, les préoccupations courantes de l’association vont naturellement être évoquées et discutées. La confiance, le respect des règles du Cercle de Parole et la liberté d’expression permettront d’aborder la situation sous des angles différents, avec des rapports différents de ceux du quotidien. Ce nouveau rapport enrichira la compréhension des problématiques et la qualité des réponses apportées.

1er tour : présentations
Lors du premier tour de parole, chaque personne se présente en disant qui elle est et ce quelle fait,


2ème tour : discussions
Lors du deuxième tour de parole, chaque personne dit ce qui est le plus important pour elle dans sa situation du moment, ce peut être un projet, un rêve, un problème particulier une question ou une chose importante qu’elle souhaite partager.


Tours suivants : approfondissents
A partir du troisième tour de parole, chaque personne va devenir successivement le centre du cercle de parole. La personne dont c’est le tour rappelle ou dit à nouveau de façon plus approfondie ce qui est important pour elle et les autres membres du cercle vont réagir chacun à leur tour en lui apportant un point de vue, une information, un conseil ou toute chose susceptible de lui venir en aide ou d’éclairer la situation. Plusieurs tours de parole peuvent être nécessaires pour venir à bout d’un problème particulier,
Ensuite la personne à gauche de la première devient à son tour le centre du cercle de parole, et ainsi de suite.


Après la réunion, les participants qui le souhaitent peuvent se regrouper pour partager un repas ou toute autre activité.

Conseils pratiques

- L’intérêt mais aussi la difficulté est de rester centré sur le sujet évoqué par la personne qui est au centre du cercle de parole, en évitant de diverger vers des sujets de parole éloignés.

- Le respect des règles de base (préalables et autres points du fonctionnement) est le garant de la qualité du cercle de parole, chacun pourra rappeler ces règles à ceux qui s’en éloignent.

- Une durée de deux heures est un maximum, au-delà, il vaut mieux prévoir une pause au bout des deux heures.

- Pour que chacun aie suffisamment de temps de parole, il vaut mieux limiter le nombre de participants, une dizaine est une bonne taille, au-dessus de vingt personnes, il est préférable de dédoubler le cercle de parole.

- La réunion débute et se termine à une heure précise que chacun s’efforce de respecter.

- Le début de la réunion peut être consacré aux problèmes pratiques (détermination des dates et des lieux...)

Comment participer à un cercle de parole?

Vous pouvez créer vous-même un cercle de parole, il vous suffit d’imprimer cette page, d’y joindre vos coordonnées et de le distribuer aux membres de votre association, ou dans votre entourage ou voisinage. Vous déciderez ensuite, avec les personnes qui vous auront contacté, de choisir une date et un lieu.


Ce texte a été écrit par Jean Luc Girard à partir d’une idée originale de Yves Accard.

Pourquoi cette violence envers les femmes?



Il existe encore des attitudes et valeurs selon lesquelles les femmes méritent d’être maltraitées. Cela ne fait qu’aggraver les inégalités dont sont victimes quotidiennement nombre de femmes.
Il n’existe pas d’explication simple à la violence faite aux femmes. Elle découle de nombreuses réalités qui dévalorisent les femmes par rapport aux hommes. En voici quelques exemples :

Les structures de notre société


Certains éléments de notre système social empêchent les femmes d’être égales aux hommes. Par exemple, nombre de femmes :
  • n’ont pas un revenu équivalent à celui des hommes pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants;
  • ne sont pas certaines d’être protégées si elles quittent leur conjoint violent;
  • trouvent qu’il est compliqué d’avoir accès au système de justice pénal.
Les croyances sociales, religieuses et culturelles

Il existe certaines croyances au sujet des rôles de l’homme et de la femme qui peuvent jouer un rôle dans la violence :
  • Il est normal que les hommes aient recours à la force pour se faire obéir des femmes.
  • L’homme est le chef du ménage et la femme a pour rôle de satisfaire ses besoins.
  • La famille est un milieu sacré. Ce qui s’y passe ne regarde personne d’autre.
  • Une famille devrait toujours compter deux parents.
Les expériences de la vie personnelle

L’opinion qu’a une personne de la manière de traiter les femmes est différente si elle :
  • a été témoin de violence à l’égard d’une femme (notamment sa mère) pendant son enfance;
  • trouve normal que les hommes expriment leur colère par la violence.
Que peut-on faire?


La violence envers les femmes est un problème complexe. Elle est liée aux attitudes, aux valeurs et aux systèmes de notre société. Il nous faudra adopter un certain nombre de stratégies pour modifier ce qui rend la violence si courante. Parmi ces stratégies, il faudra :
  • améliorer le système juridique;
  • mettre en œuvre des campagnes de sensibilisation à grande échelle;
  • s’attaquer aux barrières structurelles de tous les secteurs de la société qui empêchent les femmes d’être égales aux hommes.

Typologies des violences



La violence est l’utilisation de force physique ou psychologique pour contraindre, dominer, causer des dommages ou la mort. Elle implique des coups, des blessures, de la souffrance.

Pour la philosophe Blandine Kriegel, la violence est « la force déréglée qui porte atteinte à l’intégrité physique ou psychique pour mettre en cause dans un but de domination ou de destruction l’humanité de l’individu[]. » La violence est ainsi souvent opposée à un usage contrôlé, légitime et mesuré de la force.



Le mot violence vient du latin vis, qui désigne l'emploi de la force sans égard à la légitimité de son usage.



Plusieurs types de violence sont distinguées. Leurs définitions varient selon les époques, les milieux, les lieux, les évolutions sociales, technologiques etc.



  • Violence entre personnes ou interpersonnelle: comportements de domination ou asservissement employant la force, physique (coups, viol, torture...), verbale et psychologiques (injures, injonctions paradoxales, harcèlement, privation de droits ou liberté, abus de position dominante...) ; Ces comportements peuvent être conscients ou non. Cette catégorie inclut la violence entre partenaires ou de parent à enfant, et différentes formes d'embrigadement ;

  • Violence d'état : Les États pratiquent discrètement ou revendiquent selon la définition célèbre de Max Weber, un « monopole de la violence légitime », pour exécuter les décisions de justice, assurer l'ordre public, ou en cas de guerre ou risque de guerre (on tente alors de la légitimer par les doctrines de la « guerre juste »). Celle-ci peut dégénérer en terrorisme d'État ou d'autres formes de violence les plus extrêmes telles que le génocide ;

  • Violence criminelle : Le crime, spontané ou organisé, peut avoir des causes sociales, économiques, ou psychologiques (schizophrénie, etc.). Cette forme de violence est selon certains auteurs l'envers d'une violence étatique et/ou symbolique.

  • Violence politique : La violence politique regroupe tous les actes violents que leurs auteurs légitiment au nom d'un objectif politique (révolution, résistance à l'oppression, droit à l'insurrection, tyrannicide, « juste cause »).
    Certaines formes de réponses violentes mais proportionnées (et de résistance ou servant le rétablissement de l' état de droit), quand d'autres solutions ne sont plus possibles sont couramment admise, par la morale et le droit et selon la doctrine des droits de l'homme ; en cas de légitime défense par exemple, ou d'état de nécessité, en cas de résistance à l'oppression d'une tyrannie.

  • Violence symbolique : C'est notamment la thèse de Pierre Bourdieu, qui désigne plusieurs sortes de violences : verbale (éventuelle première étape avant passage à l'acte) ; ou invisible, institutionnelle : c'est aussi la violence structurelle face à la quelle les individus semblent impuissants. Celle-ci désigne plusieurs phénomènes différents qui favorisent la domination d'un groupe sur un autre et la stigmatisation de populations, stigmatisation pouvant aller jusqu'à la création d'un bouc émissaire.

  • Violence économique : En droit civil, la violence économique est une hypothèse récente de vice du consentement, justifiant d'annuler les contrats dont la conclusion reposait sur ce vice. Elle est admise dans certaines limites par les tribunaux. Les tribunaux considèrent que «l'exploitation abusive d'une situation de dépendance économique, faite pour tirer profit de la crainte d'un mal menaçant directement les intérêts légitimes de la personne, peut vicier de violence son consentement».